La considération ethnique en
Côte d’Ivoire semble transcender les valeurs républicaines. Dans un audio qui a
fait le buzz sur la toile, un homme politique, militant du RHDP, soutien qu’un
Diarra ne peut prétendre être maire à Tiébissou. Son argumentaire repose
seulement sur le fait qu’un Baoulé ne peut briguer un poste de maire dans le
nord du pays.
Après tout Après 62 ans
d’indépendance, et considérant le brassage profond des populations, il est
ahurissant d’entendre un tel raisonnement dans une Côte d’Ivoire engagée
irréversiblement dans un concept républicain et démocratique. Cet engagement ne
saurait tolérer une telle légèreté qui s’apparente à de l’ignorance.
Les ivoiriens, républicains de par essence, doivent se mobiliser contre
cette imposture car l’acte posé n’est nullement anodin. Il relève d’un
faux-semblant et son auteur en est conscient. Ayons en permanence à l’esprit
que notre pays revient de très loin, référence faite à la dernière crise qui a
duré dix ans.
Au regard de ces agitations
incongrues, nous nous demandons ce que vaut encore la notion d’ethnie.
Aujourd’hui, chaque ivoirien a un parent dans au moins une autre ethnie par le
biais du métissage. Que souhaiterait un individu issu d’un couple formé de
baoulé et de sénoufo ou d’odiénéka et de bété si n’est l’union des
peuples ?
Tout constat fait, la notion
d’ethnie se dilue avec le temps et ceux issus de différents croisements tendent
à être majoritaire. Le peuple ivoirien est en profonde mutation et il n’existe
plus d’ethnie pure. C’est aussi le lieu de rappeler que c’est le fantasme de la
race pure qui a donné lieu à la barbarie de la seconde guerre mondiale.
Si le brassage ethnique
semble ignoré par les ethnocentriques, quel est donc le sort réservé à ceux
dont un parent est de nationalité étrangère ? Et pourtant nous savons tous
que c’est le cas de bon nombre de nos concitoyens. Selon le concept
ivoiritaire, un ivoirien naturalisé doit être exclu de tout activité politique.
La xénophobie ferait-elle encore de la résistance ?
Au total et malgré ces propos
indignes, la Côte d’Ivoire connaît une excellente évolution des mentalités
suscitée par la politique du VIVRE-ENSEMBLE. Cette avancée nous conforte dans
l’avènement d’une démocratie sans discrimination. Mais il est primordial de
remémorer que la crise en Côte d’Ivoire a dévoilé, suite à la scission du pays
en 2002, que la moitié sud constituait la partie utile tandis que le nord était
considéré comme inutile. C’est certainement la raison du désintérêt de certains
pour des postes électifs dans la moitié nord. Cependant, le jour où cette
partie du territoire sera valorisée, je suis persuadé que « ceux du
sud » s’y précipiteront pour être candidats.
Des faits, rien que des
faits !
Adama SIDIBE, Correspondance
particulière