CÔTE D'IVOIRE / Contribution : Notre République Traîne Le Boulet de L’ethnicisme

Publié le : 10/02/23 - 15:56

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Texte par : Adama Sidibé, correspondance particulière

La considération ethnique en Côte d’Ivoire semble transcender les valeurs républicaines. Dans un audio qui a fait le buzz sur la toile, un homme politique, militant du RHDP, soutien qu’un Diarra ne peut prétendre être maire à Tiébissou. Son argumentaire repose seulement sur le fait qu’un Baoulé ne peut briguer un poste de maire dans le nord du pays.

Après tout Après 62 ans d’indépendance, et considérant le brassage profond des populations, il est ahurissant d’entendre un tel raisonnement dans une Côte d’Ivoire engagée irréversiblement dans un concept républicain et démocratique. Cet engagement ne saurait tolérer une telle légèreté qui s’apparente à de l’ignorance.

Les ivoiriens, républicains  de par essence, doivent se mobiliser contre cette imposture car l’acte posé n’est nullement anodin. Il relève d’un faux-semblant et son auteur en est conscient. Ayons en permanence à l’esprit que notre pays revient de très loin, référence faite à la dernière crise qui a duré dix ans.

Au regard de ces agitations incongrues, nous nous demandons ce que vaut encore la notion d’ethnie. Aujourd’hui, chaque ivoirien a un parent dans au moins une autre ethnie par le biais du métissage. Que souhaiterait un individu issu d’un couple formé de baoulé et de sénoufo ou d’odiénéka et de bété si n’est l’union des peuples ?

Tout constat fait, la notion d’ethnie se dilue avec le temps et ceux issus de différents croisements tendent à être majoritaire. Le peuple ivoirien est en profonde mutation et il n’existe plus d’ethnie pure. C’est aussi le lieu de rappeler que c’est le fantasme de la race pure qui a donné lieu à la barbarie de la seconde guerre mondiale.

Si le brassage ethnique semble ignoré par les ethnocentriques, quel est donc le sort réservé à ceux dont un parent est de nationalité étrangère ? Et pourtant nous savons tous que c’est le cas de bon nombre de nos concitoyens. Selon le concept ivoiritaire, un ivoirien naturalisé doit être exclu de tout activité politique. La xénophobie ferait-elle encore de la résistance ?

Au total et malgré ces propos indignes, la Côte d’Ivoire connaît une excellente évolution des mentalités suscitée par la politique du VIVRE-ENSEMBLE. Cette avancée nous conforte dans l’avènement d’une démocratie sans discrimination. Mais il est primordial de remémorer que la crise en Côte d’Ivoire a dévoilé, suite à la scission du pays en 2002, que la moitié sud constituait la partie utile tandis que le nord était considéré comme inutile. C’est certainement la raison du désintérêt de certains pour des postes électifs dans la moitié nord. Cependant, le jour où cette partie du territoire sera valorisée, je suis persuadé que « ceux du sud » s’y précipiteront pour être candidats.

Des faits, rien que des faits !

Adama SIDIBE, Correspondance particulière 


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